Les textes

Quand je n’écris pas dans le cadre de mon travail à Vih.org, j’écris d’autres textes, souvent de l’autofiction, que je rassemble ici depuis des années. J’aimerais avoir plus de temps pour écrire plus, et si vous aussi vous aimeriez que j’ai plus de temps pour écrire plus, vous pouvez m’aider en me payant un ko-fi.

  • Momies

    De temps en temps, je ressors les cadavres de mes anciens amours. Pas littéralement, hein. Mais je pense à ces hommes. Je les ramène à la surface de ma mémoire, je les berce, je réécoute la musique qu’ils portent. Je danse un peu avec eux, je verse une larme. Mais ça ne colle plus, évidemment.

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  • La rage

    C’est vrai qu’il était beau ce chien. Avec sa tête noire, son pelage qui tirait vers le fauve, ses yeux fiévreux. Un loup, que Minou, le fox de Nico, regardait en penchant la tête de gauche à droite. Une grosse bête au pelage ras, qui voulait se coucher dans le panier, même si ses longues

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  • La folle

    La folle est trop. La folle parle trop fort au téléphone. La folle chante à tue tête sous la douche. Elle utilise un savon qui sent fort et qui a été marqueté pour une femme. Elle s’épile les sourcils soigneusement, parce que. La folle est musclée, ou pas, elle choisit ce qu’elle porte avec attention,

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  • Les belles amours

    Les belles amours

    Il n’y a pas de hasard en amour, ce qui fait écho chez l’autre est ce qui vous attache à lui. Un vécu, une façon de voir la vie, une liberté; dans tous les cas, un détail qui rebondit dans les circonvolutions les plus intimes de votre être et fait naître une résonance familière. Assis

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  • Le 184

    Donc nous sommes à la boulangerie, ma préférée, celle rue de Pyrénées, juste au sud de la Place Gambetta. Mon ami canadien Klaus est à Paris pour deux jours, nous avons passé la journée à faire du shopping de Noël et maintenant, Klaus veut manger un éclair au chocolat français. Dans la queue devant nous,

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  • Ne nagez pas dans le noir

    La musique d’Honk Kong ne s’arrête jamais. Séduisante, familière et pourtant unique. A minuit et demi, nous croisons des groupes d’ouvriers maniant le marteau piqueur qui s’invectivent dans les neuf tons du cantonais. N. nous explique que le cantonais est une langue populaire, avec beaucoup de gros mots, qui décline en plus d’une douzaine de

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  • Ces nuits

    Je mettais mes insomnies récentes sur le dos du besoin de vacances et de la fatigue. En parcourant les archives de mon blog à la recherche d’un texte particulier, je me suis rendu compte qu’encore une fois, l’anniversaire de la mort de mon père est revenu m’apporter sa petite charrette de larmes. Quelques sanglots et

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  • Le fond de l’air

    Je sens les mots qui montent en ce moment. Ce n’est jamais un torrent, je comparerais ça plutôt à une infiltration d’eau dans une cave. On sent que l’atmosphère change, mais on n’entend rien, et puis on y retourne pour trouver un superbe lac tranquille, dans lequel on peut replonger. C’est aussi proche du sentiment

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  • L’intime et l’étranger

    Paris sous la neige. Le petit bruit crépitant sous les semelles me ramène à Toronto. J’ai lu quelque part que les souvenirs n’existaient pas. A chaque fois qu’on convoque une idée du passé, notre mémoire la recrée, en l’altérant un peu, en choisissant un angle plutôt qu’un autre, jusqu’à nous faire souvenir de choses qui

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  • Madeleine

    Un poil roux. Le mien, sur mon bureau. Une barbe rousse. Une plage, de l’eau douce. Des lunettes de soleil miroir. Une paire de jeans trouée à l’entrejambe. Un slip blanc. Deux cygnes qui se balancent doucement sur les petites vagues du lac. Un vol d’oies sauvages qui se posent sur la plage de galets

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  • Dinosaure

    Où sont les trompettes? les colonnes de pierres et leurs consoeurs de feu? Le déluge de magma, la terre qui tremble, le choeur des anges avec leur robes immaculées et leurs épées brûlantes de justice aveugle? Alors, il n’y aura pas de révélation. La lumière ne descendra pas sur moi pour me baigner de sa

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  • Les marqueurs du soi

    Dans la presse, les candidats pour la présidence de l’UE sont tous blancs, hétéros (publiquement) et mâles. Mary Robinson a jeté l’éponge, on ne sait pas si c’est la perspective de travailler avec des hommes pareils ou si c’est essuyer les plâtres qui lui a fait le plus peur. Dans le métro, Megan Fox s’affiche

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  • La terre

    C’est fou que ça me donne des insomnies, quatre ans après. Comme les symptômes du stress qui ne se voient pas du premier coup d’oeil, je n’ai pas compris tout de suite pourquoi je n’arrivais pas à fermer les yeux cette nuit d’août là. Michel est mort depuis quatre ans. Je ne pense pas tant

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  • Dead Like Me

    Dans Dead Like Me, George, l’héroïne meurt lors du premier épisode en se prenant le siège des toilettes de la station Mir, qui vient de se désintégrer dans l’atmosphère, en pleine tête. La série continue sur ce mode, drôle-triste, drôle parce que les situation sont toujours uniques, et tristes, parce que des gens meurent et

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  • La voie

    Je ne suis plus le même. ça m’a frappé dans la rue, comme presque toutes les révélation évidentes, en savourant le soleil du printemps, rue de Rennes. Je ne suis plus le même qu’il y a quelques années. En fermant les yeux sous la caresse des rayons, je me demandais ce qui pouvait bien bloquer

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  • Sevrage

    Le disque dur de mon ordinateur a rendu l’âme. Outre ma bibliothèque musicale, que je n’avais pas vraiment sauvegardée depuis un an, je perds aussi la raison. L’incident a eu lieu lundi midi et depuis, j’oscille, perdu, entre résignation et ennui. Je ne peux pas travailler sans l’ensemble des programmes que j’utilise au cours de

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  • Epistolaire

    Michel, J’espère que tu vas bien. Je t’ai si souvent posé cette question, et tu l’as si souvent lu comme une formule de politesse. J’aurai voulu que tu la vois comme je la voyais, comme une question essentielle dont je voulais absolument connaître la réponse. Tout comme on demande « ça va? » plusieurs fois par jour,

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  • Paillassons

    Non, mais je suis content aussi. Vraiment. J’avais les larmes aux yeux en écoutant son discours, je pensais vraiment pas que c’était possible, même aux États-Unis, même en Amérique du Nord. C’était beau comme moment. Même les caissières du Leroy Merlin en parlaient avec des étoiles dans les yeux. En passant au métro Château d’Eau,

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  • La petite mare

    – C’est toujours aussi plein ? – Ah oui, le matin, c’est toujours comme ça, ça n’arrête pas, mais aujourd’hui, c’est spécial, je ne sais pas ce qui ce passe. – Non, parce que je ne suis pas venu depuis longtemps, mais la dernière fois, il y avait moins de monde, beaucoup moins de monde.

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  • Protocole compassionnel

    Quand je vais voir mon médecin et que tout va bien, je raconte toujours que mon médecin est content. C’est un peu vrai, il sourit quand tout va bien, comme souriait Cheryl à Toronto, lors de nos rencontres trimestrielles ; c’est surtout un moyen d’exprimer pudiquement mon soulagement de savoir que ma santé est bonne.

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