perso
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Béatrice
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Depuis presque un mois, nous recevons tous les jours des témoignages d’amour, de manque, de tristesse, de joie, qui nous rappellent combien Béa par sa chaleur, sa liberté, sa force, son humour, a bouleversé les vies des personnes qu’elle a croisées. Bien sûr, on le savait, nous l’avons regardé toute notre vie réchauffer de son
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Le fantôme dans la machine
J’ai souvent du mal à m’endormir. Le soir, allongé dans mon lit, je tourne, la peau à vif, en cherchant la fraîcheur qui apaisera mes jambes brûlantes, je me perds dans les histoires murmurées dans mon casque et je rêve de pouvoir uploader ma conscience hors de ce corps trop lourd.
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Je déteste le 1er décembre
Je déteste le 1er décembre. Je déteste le 1er décembre comme on on peut détester le sida, je déteste le 1er décembre comme on peut détester l’apathie. Je déteste le 1er décembre comme le jour où on parade ces morts. Je déteste le 1er décembre comme je déteste tous ces politiques qui s’en foutent depuis
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La rivière forcée
Pendant le 2e confinement, en 2021, à la demande d’une amie, j’ai enregistré une carte postale sonore pour son objet radiophonique.
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Le maître de jeu
Ma sœur et moi avons partagé une chambre toute notre enfance. Dans mon souvenir, le papier peint moutarde était fatigué, et baignait l’appartement haussmannien hors de prix dans une lumière triste. Ma mère l’avait choisi pour son emplacement juste après son divorce, quand elle a décidé de revenir à Paris et que son monde s’écroulait.…
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44
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C’est la période de l’année où les nuits se rafraîchissent. Il y a des belles journées encore mais le soleil ne chauffe plus autant.
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Jusqu’au bord
Parfois, j’attends juste un peu trop longtemps pour renouveler mes médicaments. Pas trop, il m’en reste toujours assez pour ne pas tomber à sec, mais juste assez peu pour que ce soit à un jour près. Ou le jour même.
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Et la santé
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J’y pense à chaque fois: il y a une boule de matière en fusion, à des milliers de kilomètres de nous, qui brille suffisamment fort pour que, quand les nuages s’écartent, non seulement sa lumière arrive au fond de nos yeux, mais qu’on ressente, sur notre peau, au plus profond de nous, la brûlure des…
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Le placard
Quitter le placard, c’était quitter l’isolement terrible de l’enfance et courir bras ouverts vers la communauté, me fondre en elle, trouver mes pairs et ne plus être seul, ne plus être questionné en permanence, ne plus être effacé. Exister en tant qu’objet de désir, aussi. La communauté m’a sauvé la vie.
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On a pas tous les jours
Je n’arrive pas à dormir. Au début, je me suis dit, c’est la super lune. Elle est trop proche de nous, je suis trop plein d’eau, de larmes, de sang, d’humeurs, du coup, la marée des boyaux m’empêche de dormir. Mais non, ça fait plusieurs jours.
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L’île des Morts
Et soudain, le sida de 1990 dont personne ne voulait entendre parler à l’époque, le sida qui tuait en France tous les jours des pédés, des toxicos, des putes sans que ça ne dérange plus que ça la majorité de la population, est l’objet de tout un tas de sujets, papiers, documentaires, éditos.
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Pantin c’est l’heure
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Voir cette publication sur Instagram Une publication partagée par Charles Roncier (@leroncier) Ma maison est un bois, mais c’est presque un jardinQui danse au crépuscule, autour d’un feu qui chanteOù les fleurs se mirent dans un lac sans tainEt leurs images embaument aux brises frissonnantesAussi folle que l’aube, aussi belle que l’ombreDans cette maison-là, j’ai
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70 bougies
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Le 25 décembre dernier, on fêtait Noël à Bordeaux. Il faisait grand soleil, et ma mère et moi en avons profité pour aller nous balader aux Chartrons.
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Novembre
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Par la fenêtre du train, je vois les arches de l’aérotrain qui tracent sur les plaines du Centre. C’est absurde, ce rail suspendu menant nulle part, ces colonnes de béton armé fendu sous lesquelles passent les tracteurs. Les dernières feuilles des peupliers sont tombées dans un tapis jaune vif, les champs sont vides et le…
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Ces jours-ci
Je fais n’importe quoi avec la nourriture, ces jours-ci. Hier, j’ai voulu faire des crêpes, alors que je n’ai pas de poêle à crêpe. J’ai été en acheter une et ce n’est que quand je l’ai mise sur ma plaque à induction et qu’elle est restée froide que je me suis rendu compte qu’elle n’était…
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Vider mon sac
Dans mon sac à dos, j’ai des semis, du lilas afghan et du lis des cafres, que j’ai installés dans des bouteilles en plastique taillées, pour ne pas qu’ils s’abiment. Un fruit de la passion, mûr, pour ses graines prêtes à être semées.
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Les biches
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Sur une photo qu’elle m’a envoyée, Béa avance au bord de la mer, les pieds dans l’eau, de dos, penchée vers les vagues, le pantalon retroussé, une silhouette sombre sur une plage bretonne.
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Attraction
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Les emballements du coeur, son déraillement, le décrochage, les battements sautés, la soif, la peur, la folie, la crainte, la joie aussi, et l’espoir, le sombre, le secret, le terrible et brûlant espoir que quelqu’un réponde à notre chant et qu’on oublie ensemble, enfin, que nous allons mourir.
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Apocalypse
Ya un truc dans l’air. Ils l’ont dit au journal. Y’a un truc dans l’air à Paris qui va nous rendre malade. Qui nous pique les yeux, qui nous fait pleurer.
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Vanité
J’adore la lumière des chiottes des TGV. On dirait un miroir de maquillage de Broadway. Mais chaque photo que j’essaye de prendre avec cette lumière finit à la corbeille. La fois d’avant, j’avais le visage chevalin et inquiétant; dans celles-ci, on ne voit que mes rides. Effacer. Effacer. Effacer. Mais dans la dernière, je trouve